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La Roussalka

30 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Ecrits

La Roussalka (à la fois une nymphe des eaux et une branche de bouleau)

(...)

Le prince
Infortuné meunier !

Le vieillard
Moi ? Quel meunier ? Tu sais pourtant bien que je suis corbeau, non pas meunier. Ce fut fort étonnant, t’en souviens-tu ?
Quand elle alla pour se jeter dans la rivière, moi je courais après elle et j’ai voulu sauter du rocher, et alors voilà que j’ai senti deux grandes fortes ailes qui me poussaient à l’instant même sous les bras et me portaient à travers l’air. Depuis ce jour, je vole tantôt ici, tantôt là, je becquette la chair d’une vache morte ou vais me percher sur la tombe, et je croasse.

Le prince
C’est grand-pitié ! Mais, dis-moi, qui prend soin de toi ?

Le vieillard
C’est vrai que j’ai besoin de soins. Je suis vieux, j’ai l’humeur méchante. Mais, Dieu merci, j’ai la petite roussalka, elle prend soin de moi.

Le prince
Qui ?

Le vieillard
Ma petite fille.

Le prince
Impossible de le comprendre. Si tu restes dans ce bois-ci, vieil homme, ou tu mourras de faim, ou les ours t’attaqueront, ne voudrais-tu pas m’accompagner dans ma demeure pour y vivre auprès de moi ?

Le vieillard
Dans ta demeure ? Non, merci ! Pour me flatter d’abord, et puis après, peut-être, m’étrangler avec un fil d’or. Je suis vivant, ici, je mange à ma suffisance, et suis libre. Je ne veux pas aller chez toi. (Il sort.)

Le prince
Et tout cela par ma faute ! Perdre l’esprit, quelle épouvante !... Plutôt mourir ; un homme mort, on le regarde avec respect, on dit des prières pour lui. Il est l’égal de tous les autres dans la mort. Mais l’homme dont l’esprit s’en va cesse d’être homme. C’est bien en vain qu’il a le don de la parole, il n’est plus maître du langage, en lui la bête voit un frère, et les gens un objet de risée. Le plus vil est son maître encore, et Dieu l’ignore… Pauvre vieillard, à le voir, j’ai senti en moi tous les tourments du repentir qui s’éveillaient…

(...)

Pouchkine (1799-1837)

La Roussalka
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Sans rime

29 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Pensées

"Il fit un poème et le commença ainsi : "Muse, ne me dis rien ! Muse, tais-toi !"

Jules Renard Journal  (1888 - 11 octobre)

 

...Juste évoquer le rivage aimé, loin, si loin...

Sans rime
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S'agit-il seulement de puits ?

28 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Sagesse

"Qui s'assied au fond d'un puits pour contempler le ciel le trouvera petit"

Han Yu - Poète et philosophe chinois (768-824)

Fernand LEGER (1881-1955) La margelle du puits (1949)

Fernand LEGER (1881-1955) La margelle du puits (1949)

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Lady Chatterley

22 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Ecrits

"Constance alla au bois tout de suite après le déjeuner. C'était un jour vraiment adorable ; les pissenlits faisaient des soleils dans l'herbe parmi les pâquerettes si blanches. Le fourré de noisetiers était une dentelle de feuilles entrouvertes et de chatons poussiéreux. Des anémones jaunes fleurissaient de toutes parts, grandes ouvertes, dans le nouvel éclat de leur lustre jaune ; c'était le jaune, le jaune puissant de l'été qui commence. Et les primevères s'épanouissaient largement, en un pâle abandon, d'épaisses touffes de primevères qui avaient perdu leur timidité. Le vert luxuriant et sombre des jacinthes était comme une mer d'où s'élevait le bleu pâle des boutons ; tandis que, dans l'allée cavalière, les myosotis ébouriffaient leurs plantes et que les ancolies dépliaient leurs ruches d'un violet d'encre ; et il y avait des morceaux de coquille d’œuf bleues sous un buisson. Partout, le noeud des boutons, et l'élan de la vie !"

D.H. Lawrence - L'amant de Lady Chatterley

Au printemps dans le parc de Ménilmontant

Au printemps dans le parc de Ménilmontant

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La vie, c'est comme une dent

19 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Poésie

La vie, c'est comme une dent

D'abord on y a pas pensé

On s'est contenté de mâcher

Et puis ça se gâte soudain

Ça vous fait mal, et on y tient

Et on la soigne et les soucis,

Et pour qu'on soit vraiment guéri

Il faut vous l'arracher, la vie.

Boris Vian Je voudrais pas crever (1965)

Jeux de lumière au Père-Lachaise - Photo Henri Guérard (1984)

Jeux de lumière au Père-Lachaise - Photo Henri Guérard (1984)

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ça aussi, ça passera

17 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Société

Au cours de l'émission "La grande librairie" de François Busnel du 7 mai, la romancière espagnole Milena Busquets explique le titre de son livre.

C'est une histoire que sa mère lui racontait : le souverain d'un pays lointain avait demandé à des sages du royaume de chercher une phrase qui pourrait servir dans toutes les circonstances. Ceux-ci avaient proposé : "ça aussi, ça passera."

Banal mais pertinent à coup sûr !

Le Lot à Pescadoires

Le Lot à Pescadoires

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Le cauchemar

15 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Enfances

Poil de Carotte n'aime pas les amis de la maison. Ils le dérangent, lui prennent son lit et l'obligent à coucher avec sa mère. Or, si le jour il possède tous les défauts, la nuit il a principalement celui de ronfler. Il ronfle exprès, sans aucun doute.
La grande chambre, glaciale même en août, contient deux lits. L'un est celui de M. Lepic, et dans l'autre Poil de Carotte va reposer, à côté de sa mère, au fond.
Avant de s'endormir, il toussote sous le drap, pour déblayer sa gorge. Mais peut-être ronfle-t-il du nez ? Il fait souffler en douceur ses narines afin de s'assurer qu'elles ne sont pas bouchées. Il s'exerce à ne point respirer trop fort.
Mais dès qu'il dort, il ronfle. C'est comme une passion.
Aussitôt madame Lepic lui entre deux ongles, jusqu'au sang, dans le plus gras d'une fesse. Elle a fait choix de ce moyen.
Le cri de Poil de Carotte réveille brusquement M. Lepic, qui demande :
-Qu'est-ce que tu as ?
-Il a le cauchemar, dit madame Lepic.
Et elle chantonne, à la manière des nourrices, un air berceur qui semble indien.
Du front, des genoux poussant le mur, comme s'il voulait l'abattre, les mains plaquées sur les fesses pour parer le pinçon qui va venir au premier appel des vibrations sonores, Poil de Carotte se rendort dans le grand lit où il repose, à côté de sa mère, au fond.

Jules Renard Poil de carotte

Le cauchemar
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Has been, Martine ?

13 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Humour

Has been, Martine ?
Has been, Martine ?
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Seul...

11 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Citations

"Pourtant, c'est assez simple... L'homme doit se créer sa propre essence ; c'est en se jetant dans le monde, en y souffrant, en y luttant, qu'il se définit peu à peu... L'angoisse, loin d'être un obstacle à l'action, en est la condition même... L'homme ne peut vouloir que s'il a compris qu'il ne peut compter sur rien d'autre que sur lui-même, qu'il est seul, délaissé sur la terre au milieu de ses responsabilités infinies, sans aide ni secours, sans autre but que celui qu'il se donnera à lui-même, sans autre destin que celui qu'il se forgera sur cette terre."

Jean-Paul SARTRE - Article dans Combat

(cité par Annie Cohen-Solal dans sa biographie Sartre 1905-1980)

Eugène Delacroix - Étude d'homme nu, couché et vu de dos (1822)

Eugène Delacroix - Étude d'homme nu, couché et vu de dos (1822)

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Les Barbapapa

8 Juin 2015 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Enfances

Les Barbapapa

"Subversifs les Barbapapa ?

Et s'ils étaient au fond de vrais provocateurs ? Le père, Barbapapa, est de couleur rose, ce qui dénote une ambivalence identitaire certaine. Barbamama est noire - faut-il commenter ? Leurs gosses sont vert, bleu, jaune, rouge, signe sans doute qu'ils ont été adoptés. Sans compter qu'ils se transforment à volonté, "courts, longs, carrés, minces, gros ou ronds", comme dit la chanson du générique, référence manifeste au Zizi de Pierre Perret. Si l'on vous en parle, c'est parce que Talus Taylor, leur co-créateur en 1970 - avec sa femme Annette Tison - vient de nous quitter. Mine de rien, les Barbapapa incarnaient bien l'esprit joyeux et sans peur des seventies. Loin des actuels champions de la métamorphose, les Transformers, qui eux se transforment pour faire la guerre..."

Marc Belpois (Article paru dans Télérama du 11 mars 2015)

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