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Articles récents

Les Fées

1 Octobre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Enfances

" Que veux-tu que je te lise, mon chéri ? Les Fées ? " Je demandais, incrédule : "Les Fées, c'est là-dedans ?" Cette histoire m'était familière : ma mère me la racontait souvent, quand elle me débarbouillait, en s'interrompant pour me frictionner à l'eau de Cologne, pour ramasser, sous la baignoire, le savon qui avait glissé des mains et j'écoutais distraitement le récit trop connu ; je n'avais d'yeux que pour Anne-Marie, cette jeune fille de tous mes matins ; je n'avais d'oreilles que pour sa voix troublée par la servitude ; je me plaisais à ses phrases inachevées, à ses mots toujours en retard, à sa brusque assurance, vivement défaite et qui se tournait en déroute pour disparaître dans un effilochement mélodieux et se recomposer après un silence. L'histoire, ça venait par-dessus le marché : c'était le lien de ses soliloques. Tout le temps qu'elle parlait nous étions seuls et clandestins, loin des hommes, des dieux et des prêtres, deux biches au bois, avec ces autres biches, les Fées ; je n'arrivais pas à croire qu'on eût composé tout un livre pour y faire figurer cet épisode de notre vie profane qui sentait le savon et l'eau de Cologne."

Jean-Paul Sartre - Les mots - 1964

Unica Zürn, sans titre, 1965 (Collection du Centre d'Etude de l'Expression)

Unica Zürn, sans titre, 1965 (Collection du Centre d'Etude de l'Expression)

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Lire sur la plage

27 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Ecrits

"Pas si facile, de lire sur la plage. Allongé sur le dos, c'est presque impossible. Le soleil éblouit, il faut tenir à bout de bras le livre au-dessus du visage. C'est bon quelques minutes, et puis on se retourne. Sur le côté, appuyé sur un coude, la main posée contre la tempe, l'autre main tenant le livre ouvert et tournant les pages, c'est assez inconfortable aussi. Alors on finit sur le ventre, les deux bras repliés devant soi...

Le sujet du livre compte aussi. On tire de belles satisfactions à jouer sur le contraste. Lire un passage du Journal de Léautaud où il vilipende précisément les corps amassés sur les plages de Bretagne. Lire A l'ombre des jeunes filles en fleurs, et renouer avec un monde balnéaire de canotiers, d'ombrelles et de saluts distillés à l'ancienne...

Mais travailler "dans la couleur" est bon aussi : étirer à l'infini Le Désert de Le Clézio dans son propre désert ; et dans les pages alors le sable dispersé prend des secrets de Touareg, des ombres lentes et bleues...

Toutes ces positions successives, ces voluptés irrégulières, c'est la lecture sur la plage. On a la sensation de lire avec le corps."

Philippe Delerm - La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.

Eugène BOUDIN - Sur la plage, au soleil couchant - 1865

Eugène BOUDIN - Sur la plage, au soleil couchant - 1865

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Jacques Tati

24 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Portraits

Jacques Tati

"Les spectateurs ont adoré le Tati de Jour de fête, des Vacances de Monsieur Hulot ou de Mon Oncle, mais ont été déroutés quand le cinéaste a évolué vers un comique plus abstrait, moins directement burlesque. Par instants, je doutais que Trafic soit l'ultime apparition de Hulot à l'écran.

Deux ans plus tard, j'ai retrouvé Jacques Tati pour Parade. "Je vais devoir faire un film de mémoire" me confie le cinéaste qui, dans cette histoire, renoue avec les numéros de music-hall de ses débuts. Il l'a tourné en vidéo, ce qui était révolutionnaire pour l'époque...

Tati n'a pas cessé de rêver, d'avoir des idées à longueur de temps. Mais lorsqu'il voulait les concrétiser, il se heurtait à la réalité du métier et aux décideurs frileux. Pour lui, le rire n'était pas une finalité, plutôt un moyen de réflexion sur notre société...

Je voudrais ici citer la merveilleuse phrase de Philippe Labro qui résume, avec son talent remarquable, la profondeur de ce grand réalisateur si tristement incompris à la fin de sa vie. Le journaliste et romancier a titré dans Paris-Match : "Adieu Monsieur Hulot. On le pleure mort, il aurait fallu l'aider vivant ! ".

Charles Dumont - Non je ne regrette toujours rien. 2012

Jacques Tati
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La Société des auteurs et compositeurs dramatiques

20 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Paris

La façade de l'hôtel, rue Ballu.

La façade de l'hôtel, rue Ballu.

Ouverture dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, de l'hôtel particulier qui abrite la SACD (société des auteurs et compositeurs dramatiques) situé 11 bis, rue Ballu 75009 PARIS.

La SACD, première société d'auteurs au monde fondée par Beaumarchais en 1777, ouvre ses portes dans ce lieu consacré aux auteurs du spectacle vivant et de l'audiovisuel.

L'hôtel "Blémont" construit sous le Second-Empire par un financier dénommé Eugène Bertin, légué à un banquier au début du XXème siècle, puis acheté par le poète Emile Blémont qui y demeura jusqu'à sa mort en 1927, l'hôtel qui porte désormais le nom de ce dernier, a été acquis en 1932 par la SACD.

La cour du côté de la rue Ballu, les pièces du rez-de-chaussée, la serre et le jardin ont conservé leur ordonnance d'origine et témoigne de ce qu'était, il y a plus d'un siècle, une demeure privée de la grande bourgeoisie parisienne.

Le jardin d'hiver.

Le jardin d'hiver.

Dans le premier salon vert, portrait de Romain Coolus, auteur dramatique et président de la SACD dans les années 1915-1920, peint par Kees Van Dongen.

Dans le premier salon vert, portrait de Romain Coolus, auteur dramatique et président de la SACD dans les années 1915-1920, peint par Kees Van Dongen.

Dans le bureau du président, sans doute l'ancienne salle à manger, un portrait anonyme d’Alexandre Dumas.

Dans le bureau du président, sans doute l'ancienne salle à manger, un portrait anonyme d’Alexandre Dumas.

Dans le second salon vert, sur la cheminée en marbre gris, un buste en marbre de Caron de Beaumarchais, fondateur de la SACD.

Dans le second salon vert, sur la cheminée en marbre gris, un buste en marbre de Caron de Beaumarchais, fondateur de la SACD.

Le jardin, vaste de près de 800 m2.

Le jardin, vaste de près de 800 m2.

A l'occasion de ces journées européennes du patrimoine, Marc Deschamps, pianiste, accompagné de Pedro Camarasa au chant, interprète, sur le piano du compositeur Maurice Yvain, des airs composés par Bernard Dimey, George Van Parys, Jacques Offenbach, André Messager et Michel Legrand.

A l'occasion de ces journées européennes du patrimoine, Marc Deschamps, pianiste, accompagné de Pedro Camarasa au chant, interprète, sur le piano du compositeur Maurice Yvain, des airs composés par Bernard Dimey, George Van Parys, Jacques Offenbach, André Messager et Michel Legrand.

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Citernes romaines

19 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Tunisie

Citernes romaines

Vastes réservoirs d'eau, les citernes de la période romaine sont encore visibles sur plusieurs sites archéologiques en Tunisie.

Les plus spectaculaires, les citernes de La Maalga, ont été classées au Patrimoine mondial de l' UNESCO en 1979. Elles alimentaient Carthage grâce à l'aqueduc venant de Zaghouan. Les ruines de ce véritable travail de titan s'étirent sur plusieurs kilomètres.

Citernes à Dougga
Citernes à Dougga

Citernes à Dougga

Citernes à Thuburbo Majus

Citernes à Thuburbo Majus

Plan figurant sur le site du Temple des eaux à Zaghouan

Plan figurant sur le site du Temple des eaux à Zaghouan

A la jonction des aqueducs à Mograne

A la jonction des aqueducs à Mograne

Aqueduc sur piles à proximité de Tunis

Aqueduc sur piles à proximité de Tunis

A l'intérieur de l'aqueduc

A l'intérieur de l'aqueduc

Citernes de La Maalga
Citernes de La Maalga

Citernes de La Maalga

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Le Lisieux (Haute-Loire)

18 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Enfances

Le Lisieux (Haute-Loire)

"Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert...

C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,

Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert."

 

Gérard de Nerval, les Chimères, Myrtho

 

Mais le Lisieux, ce n'est pas le Vésuve, c'est juste un double suc culminant à 1388 m sur un vaste plateau boisé.

Au pied du Lisieux, il y a toujours autant de framboises et d'airelles qui tâchent les doigts, les lèvres, la langue...et au sommet, il y a toujours cette brise qui attise le regard et la mémoire, tous les lieux-dits sont là, rappelez-vous, on les désignait du doigt...

 

 

photos août 2014
photos août 2014

photos août 2014

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Le Pech de Belmontet

16 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Lot

Belmontet est un petit village au sud-ouest du Lot entouré de plusieurs petits hameaux. Le pech, terme occitan, est souvent la colline la plus haute du secteur.

Le hameau du Pech de Belmontet est aussi le hameau des cloches, il est donc possible à midi d'y écouter le carillon de ses 15 cloches.

Le Pech de Belmontet
Le Pech de Belmontet
Le Pech de Belmontet
Photos juillet 2014

Photos juillet 2014

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La consolante (2) Anna Gavalda

6 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Ecrits

"Pauvres morts...

Comme ça devait peser lourd, tout ce mauvais goût...

Des couvercles de marbre qui brillaient comme du Formica de cuisine, des fleurs en plastique, des livres ouverts à la porcelaine savamment craquelée, des photos hideuses dans du Plexiglas jauni, des ballons de foot, des brelans d'as, de sémillants brochets, des apostrophes débiles, du dégoulinant de regrets à la con. Et tout ça gravé pour l'éternité.

Un berger allemand en or. Repose mon maître, je veille à tes côtés.

C'était probablement moins grave que ça, du moins plus tendre, mais notre homme avait décidé de tous les haïr. Sur la terre comme au ciel.

Un cimetière franchouillard quadrillé comme une ville américaine. Des allées numérotées, des lits au carré, des fléchages pour l'âme du B23 et le repos du H175, des alignements chronologiques, les froids devant, les plus tièdes au fond, du gravier bien concassé, une mise en garde pour les déchets recyclables et une autre pour les saloperies fabriquées en Chine, et toujours, toujours, le vacarme de ces putain de trains au ras de leur sommeil."

James ENSOR - La Mort et les masques 1897

James ENSOR - La Mort et les masques 1897

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La consolante (1) Anna Gavalda

6 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Ecrits

"- Nan, mais j'y crois pas ! me lance-t-elle en frottant le cuir chevelu de l'un de mes neveux, tu sais de quoi ils parlent, ces crétins ?

Baisers au passage.

- Regarde-les, Charles. Regarde comme ils sont jeunes et beaux, tous... Regarde-moi ces belles dents ! (elle soulève la lèvre supérieure de ce pauvre Hugo), mate un peu cette belle jeunesse ! Tous ces milliards de kilos d'hormones qui débordent dans tous les sens ! Et... et tu sais de quoi ils parlent ?

- Non, fis-je, en me détendant enfin.

- De leurs gigas, putain... Ils sont tous en train de branler leurs bidules à zizique pour comparer leurs nombres de gigas... Consternant, non ? Quand je pense que c'est ça qui doit payer nos retraites, pince-moi. Et après vous allez comparer vos forfaits de portable, j'imagine ?

- C'est d'jà fait, ricana Mathilde.

- Hé, sérieux, vous me faites de la peine, les loulous... A votre âge, il faut mourir d'amour ! Ecrire des poèmes ! Préparer la révolution ! Voler les riches ! Sortir les sacs à dos ! Partir ! Changer le monde ! Mais les gigas, là... Les gigas... Pff... Pourquoi pas vos plans d'épargne logement pendant qu'on y est ?"

 

Karel APPEL  - composition 1951

Karel APPEL - composition 1951

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Le musée Soulages à Rodez

6 Septembre 2014 , Rédigé par ba-idane Publié dans #Art en balades

Le musée Soulages à Rodez

C'est à Rodez, sa ville natale, que Pierre soulages a consenti, avec son épouse Colette, deux donations, près de 500 oeuvres témoignant de l'ensemble de sa production. Le musée est un voyage entre les différentes créations de Pierre Soulages et les techniques qui les ont vues naître.

Dessiné et conçu par les Catalans RCR arquitectes, le musée se déploie sur 6600 m2 et se présente comme un socle dans lequel sont emboîtés des volumes. Les architectes ont choisi des matériaux simples et bruts : le béton, le verre et surtout l'acier.

Au musée Soulages, il y a de grandes baies vitrées qui donnent vers le nord car la lumière y est moins changeante au cours de la journée et surtout, jamais directe. Il y a aussi des ouvertures sur le toit, lumière zénithale, filtrée par des stores afin de protéger les oeuvres.

Huile sur carton - premières oeuvres

Huile sur carton - premières oeuvres

"Après tout, un arbre noir en hiver, c'est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m'intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l'espace."

Sont présentés au musée les brous de noix et les oeuvres sur papier, les peintures de jeunesse, les peintures de l'après-guerre, jusqu'à l' Outrenoir, les eaux-fortes, les lithographies, des bronzes et enfin la totalité des travaux préparatoires des vitraux de Conques.

Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez
Le musée Soulages à Rodez

"Lorsqu'on m'a demandé de faire des vitraux, j'ai refusé : je ne voulais pas faire de vitraux. Et puis on m'a proposé Conques. Là, je suis resté interdit, profondément ému. C'est un lieu que je connais depuis mon enfance, je suis né à Rodez. C'est à Conques que j'ai éprouvé mes premières émotions artistiques."

Photos août 2014 - texte inspiré du magazine "le petit Léonard".

Photos août 2014 - texte inspiré du magazine "le petit Léonard".

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